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Comment coudre de façon écologique ?

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Il y a un chiffre qui fait froid dans le dos : à chaque lessive que vous lancez chez vous, il y a en moyenne 700 000 fibres plastiques qui sont relâchées dans l’environnement.

La faute aux tissus synthétiques faits à base de plastique. C’est une véritable bombe à retardement pour la planète, et pour nous.

L’industrie du textile est aujourd’hui le second secteur le plus polluant de la planète derrière le pétrole. C’est scandaleux, d’autant qu’il est possible de corriger cette tendance, même à notre échelle.

Le problème n’est pas qu’écologique, mais également sanitaire avec une augmentation notable des maladies de peau et respiratoires qui se développent vitesse grand V. Les tissus sont gorgés de produits chimiques censés les rendre brillants, faciles à repasser, moins chers à produire… et ces produits se retrouvent sur notre peau.

En tant que couturière/couturier, amateurs ou non, nous pouvons agir à notre niveau pour faire bouger les choses, et tenter d’inverser la vapeur.

Chien bleu à cause de la pollution textile
Ce chien est bleu parce qu’il s’est baigné dans une rivière polluée par les teintures textiles…

Refuser l’inacceptable

Il ne vous viendrait pas à l’idée d’emménager dans une maison bourrée d’amiante ? Ni de manger une pomme qui vient d’être recouverte de pesticide ?

Pour le tissu, ça devrait être la même chose. 

Mais comment différencier un tissu qui respecte l’environnement et votre santé, d’un autre tout pourri ?

Lorsque vous achetez du tissu, il y a un certain nombre d’informations à prendre en compte.

La composition : dans quelle matière est fait votre tissu ? Les fibres sont-elles naturelles (coton, lin, laine, chanvre, soie, jute…), ou synthétiques (acrylique, polyester, élasthanne…) ?

Pour faire simple, synthétique = plastique.

Concernant les fibres naturelles, tout n’est pas rose non plus !

La culture du coton est probablement l’une des pires au monde ! Entre l’Ouzbékistan (6e pays producteur) qui utilise des esclaves (et enfants) pour le récolter, ou l’Inde qui cultive plus de 6 millions d’hectares de coton OGM… La production de coton conventionnelle pose problème.

Le coton, c’est 2,5 % des terres agricoles mondiales utilisées, et 25 % des pesticides répandus ! Quant à l’eau que nécessite cette culture, il faut compter entre 5000 et 19 000 litres pour seulement 1 kilo de coton… Un chiffre faramineux et ahurissant !

Dès lors, comment s’y retrouver ? Faut-il préférer coudre du coton polluant et dangereux, ou un tissu à base de plastique qui répandra des microfibres et des produits chimiques à chaque lavage ?

Le choix d’une consommation + responsable

Si vous êtes encore là à lire cet article, c’est que le sujet vous intéresse ! Merci 😉

Pour ma part, j’ai décidé de faire en sorte de coudre des textiles en cohésion avec mon engagement écologique. À quoi bon chercher à réduire le plastique chez soi, si c’est pour le porter en vêtement ou le coudre ?

Problème : comme à chaque fois, choisir des produits de meilleure qualité coûte plus cher que les produits standards !

Pour le tissu, c’est flagrant : une étoffe de base en coton coûte 5 € le mètre, quand la version labellisée « bio » atteint facilement le double ou le triple de ce prix !

Sommes-nous obligés de coudre moins pour coudre mieux ? J’ai bien peur que oui.

Je fais souvent le parallèle avec la nourriture. Le bio dans l’alimentation gagne chaque année du terrain parce que le consommateur l’achète, malgré un prix plus élevé. La plupart des gens sont aujourd’hui d’accord pour manger un peu moins, mais mieux.

Pour nous, tissus addicts, ça devrait être la même chose.

fleur de coton

Quand j’ai commencé la couture en 2014, je ne trouvais absolument rien en tissu bio dans les merceries. Quelques sites allemands commercialisaient 4 ou 5 coloris, mais c’était extrêmement cher (25 ou 30 € le mètre pour un coton basique) et pas beau.

Aujourd’hui, les choses ont commencé à changer et le tissu bio n’est plus une exception. La plupart des merceries en ligne ou des boutiques de tissus ont un espace consacré. Les prix sont devenus acceptables (à mon sens), et il y a eu un véritable effort sur le stylisme et les couleurs disponibles.

Et je mets ma main à couper que cette offre ne va faire que grandir, et les prix continuer à baisser.

Un métier à tisser

Les différents labels écologiques

Pour s’y retrouver en mercerie, il y a 2 certifications qui se dégagent en ce moment. Chacune a ses particularités, et ne défendent pas la même chose.

Commençons par le label Oeko Tex. C’est le plus répandu et le plus connu actuellement. Il est très loin d’être parfait, mais il représente une amélioration.

Pour faire simple, avec un tissu Oeko Tex, vous êtes certain d’acheter un produit non toxique au niveau du textile et des colorants.

En règle générale, les tissus obtenant le label Oeko Tex ne sont pas bio. N’importe quelle matière peut être certifiée Oeko tex. Donc on trouve régulièrement des étoffes synthétiques avec cette étiquette.

Oeko Tex est donc une bonne avancée, mais n’est pas encore au top pour ce qui est de la préservation de la planète et de ses habitants.

Le label Gots. Cette certification est déjà nettement plus intéressante d’un point de vue respect de l’environnement. Elle est aussi plus exigeante et complexe à obtenir pour un fabricant de tissu.

Les textiles GOTS contiennent un minimum de 70 % de fibres biologiques dans leur composition, et un certain nombre de critères toxicologiques et environnementaux entrent en jeu.

Des critères protègent également les travailleurs.

À l’heure actuelle, les textiles labellisés Gots sont le mieux que vous pourrez trouver facilement en boutique ou sur internet.

Coudre autrement

Et si l’une des solutions était de changer nos habitudes ? Si je vous dis qu’il existe des matières dont la France est le 1er producteur, qui ne nécessite que peu d’eau et pas d’ajout de produits chimiques pour pousser ?

Le textile en lin est certainement une étoffe sur laquelle il faudra compter à l’avenir. Quelques marques d’habillement surfent sur ce créneau depuis quelques mois. Et niveau tissu, les coupons de lin commencent à être trouvable dans les merceries.

L’un des atouts du lin, est qu’il est facile à coudre, et tout à fait adapté à la couture des vêtements d’été !

Avantage du lin, c’est que l’essentiel de la production est en France. Donc le tissu ne traverse pas la planète pour arriver jusqu’à vous. Cependant, il n’existe plus actuellement de filature pour le lin. Cette étape doit donc se faire en Espagne, Allemagne ou Pologne.

1083 travaille à relocaliser une telle usine.

Des bottes de lin, en Normandie
Des ballots de lin, en Normandie

Le chanvre est compliqué à trouver pour le moment, mais devrait également revenir sur le devant de la scène. Utilisé par l’homme depuis des centaines d’années, le chanvre est subitement passé à la trappe au cours du XXe siècle à cause de ses propriétés psychotropes.

Des jeans 100 % chanvre sont fabriqués par Atelier Tuffery, en France.

Comme pour le lin, la France est championne pour la culture de cette plante, et des acteurs locaux s’en emparent afin de diminuer l’impact écologique.

Fil et tissu en chanvre
Des pelotes et du tissu en chanvre

En finalité, pour ne pas aggraver la crise écologique, il va falloir être attentif aux tissus que nous cousons. C’est loin d’être évident, mais plus nous serons nombreux à nous soucier de ce qu’on nous vend, plus les fabricants et revendeurs seront attentifs à ce qu’ils proposent.

En ce qui me concerne, j’essaye de privilégier les matières naturelles à celles synthétiques. Mais ce n’est pas toujours possible en fonction des projets.

Il y a quelques années, je n’aurai regardé que le prix et le motif du tissu que je m’apprêtais à acheter.

Aujourd’hui, ce que ma fille va avoir sur la peau à plus d’importance que les quelques euros supplémentaires qu’il faut mettre pour acheter le coupon de tissu.

J’achète probablement moins, mais mieux.

Et vous, quels sont vos astuces et conseils pour coudre plus propre ?! Dites-le-nous en commentaire !


Sources :


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Julien

Blogueur compulsif et Papa d'une magnifique petite fille, je découvre les joies de la paternité en même temps que la couture ! Depuis, j'en fais mon métier ! J'ai monté ma marque de vêtements pour enfants avec une spécialité : la salopette !

20 réflexions sur “Comment coudre de façon écologique ?

  • Bretécher

    Maman de 3 enfants cet article est très intéressant et me fait réfléchir pour faire plus attention au choix des tissus que j’achèterai à l’avenir.

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  • Merida nathalie

    Merci pour ces bonnes infos !!
    Pour ma part je fais régulièrement un tour à Émmaüs prés de chez moi pour trouver des habits dont le tissus m’intéresse ou des choses à retailler à ma taille !

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  • Martine Missegue

    Article intéressant mais l’argent reste le nerf de la guerre, comme d’habitude !!
    J’ai fait récemment des lingettes (à la mode) et j’ai opté pour des éponges bio ou bambou. Mes lingettes
    ont eu beaucoup de succès , je reconnais, et la douceur de l’éponge y est pour beaucoup. Cela m’a encouragée à faire attention à mes achats, surtout pour les enfants.

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    • Pascale Picque

      Je suis couturière amatrice depuis 30 ans. Moi aussi je prends conscience des problèmes environnementaux. Je pense que je vais dans un premier temps me tourner vers le recyclage des vêtements. Merci pour votre blog et chaine you tube . je suis fan

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  • Très très interessant. merci pour ce bel article. Un petit effort de chacun peut faire beaucoup alors il ne faut pas hésiter. Je couds beaucoup de coton mais aussi beaucoup de lin, ne serait-ce que parce que je trouve ça très confortable. Et pour mes petits enfants, je me suis spontanément mise à être plus regardante sur les produits que j’achète et je vais être encore plus rigoureuse. Merci Julien et bonne journée

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  • totoche

    D’acheteuse compulsive, je suis passée à des achats plus raisonnables. Merci pour cet article.

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  • Guilaine

    Il est intéressant aussi de recycler. Acheter des coupons dans les brocantes, en deuxième main. Ne pas se focaliser sur le neuf absolument. Je trouve de très belles matières en ressourcerie : coton, lin. Bien entendu je dois m’accommoder de la couleur et de la taille du coupon. Mais c’est un challenge qui me plaît.

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    • Article très intéressant. Il est vrai que jusqu’à il y a 3 mois je prenais des tissus bon marché, et depuis je ne prends que de des tissus oeko TeX, le prix est différent mais si l’on veut protéger la planète ya pas le choix. Par contre je découvre qu’il existe un label gots, je suis curieuse de voir si j’en trouve dans ma boutique de MT.
      Merci pour ses vidéos très intéressantes.

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  • Euryale

    Article intéressant, mais c’est vrai que le prix des tissus reste un gros frein. J’essaye de réutiliser au maximum. Des vieux jeans, tee shirts ou draps. ça demande plus de temps de préparation (recoudre, assembler les morceaux entre eux pour pouvoir caser les pièces des patrons), mais en final, on diminue les déchets et ça coute moins cher de se servir des vieux vêtements (c’est aussi plus personnel et original, on retrouve souvent les mêmes tissus d’une enseigne à l’autre).

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  • janerose

    Merci pour cet article très intéressant, j’essaye de faire attention aux tissus que j’achète et je recycle de vieux tissus, tels les vieux draps et autres

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  • Fanfan

    Merci beaucoup pour cet article très intéressant….Je ne savais pas pour le chanvre…Je couds assez facilement du lin malgré que je trouve que ce tissu “chiffonne” très vite…mais j’aime cette matière..
    Bonne journée Fanfan

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  • Je me suis lancée dans la couture très récemment et pour une débutante comme moi il est plus simple de coudre du coton ou du lin. En ce moment je transforme (en sacs, trousses, pochettes…) les anciens jeans abimés ou que je ne mets plus. A l’avenir, je regarderais plus attentivement les étiquettes de ce que j’achète. Merci pour tes articles toujours intéressants.

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  • vanouq

    Très intéressant et surtout très utile ton article, merci pour toutes ces informations…

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  • LEROUX

    Et bien, grâce à votre article, je vais faire plus attention à ce que j’achète en tissus !!!
    Merci pour ces informations, toujours agréable à lire, avec la petite touche d’humour ???? et oui, l’article est intéressant et à donné envie de le lire jusqu’au bout.

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  • Anabelle

    Bravo Julien pour cet article ! Il est à la fois intéressant et honnête : oui, acheter bio et labellisé est plus cher, mais la santé ne devrait pas avoir de prix. (Et si les couts sont bas pour les tissus non bios, comme dans le cas de la nourriture, il faut se rendre compte de ce qu’ils impliquent, comme tu l’as très bien précisé : exploitation des travailleurs, pollution des sols…)

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  • Céline

    Je recycle aussi pas mal de tissus : les coupons trouvés dans les greniers, chez les mamies du voisinage ou je découpe de vieux habits aux motifs intéressants. D’ailleurs il y a un plaid en patchwork dans le dernier MCI juste parfait pour recycler les veux jeans 😉
    Bonne soirée

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    • Curlyemz

      Article très intéressant. Merci. Pour le lavage de vos vêtements ‘en plastique’ regardez le sac de lavage guppy friend qui attrape les micro plastiques lors des tournées des lessives.

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  • Emilie Chavy

    On peut aussi utiliser la ramie (de la famille de l’ortie) :un tissu très intéressant, facile à travaillé et moins cher que le lin auquel il ressemble 😉

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  • Allyson

    Bonsoir, article très intéressant !
    Pour ma part je n’achète plus aucun tissus neuf, seulement des tissus trouvés en puces des couturières ou chez Emmaüs, la production de tissus dis bio est encore de l’énergie dégagé donc polluant …
    En voyant les couleurs des tissus Oeko tex soit disant écologique j’ai un grand doute quand même !!!

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    • En effet, même bio, le fait de fabriquer du tissu est polluant. La réutilisation de tissus issus de puces ou d’Emmaüs est l’idéal.
      Concernant Oeko-tex, ce n’est pas écologique.. C’est juste un peu moins pire que les tissus n’ayant aucune certification :/

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